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[ATTENTION SPOILER : cet article révèle des éléments de l’intrigue]
Le 20 avril, Netflix a diffusé Aggretsuko. L’étrange nom de la série est un condensé de « agro », pour agressive, et de « Retsuko », personnage principal de l’histoire qui est une jeune femme représentée sous les traits d’un irrésistible panda roux adepte de Death Metal. Sorte de caméra café version japonaise, la première saison d’Aggretsuko traite de la génération Y, de son management et surtout de l’égalité Femme/Homme.
Le pitch de Aggretsuko : Retsuko, japonaise de 25 ans, célibataire, est employée dans le service comptabilité d’une grande entreprise, à Tokyo. Timide, bienveillante et engagée dans son travail, elle est surmenée. Au bord du burn-out, elle envisage en dernier recours de se marier pour devenir femme au foyer.
Le character design chibi des personnages de cette série d’animation est signé Sanrio, la compagnie japonaise à l’origine de Hello Kitty. Malgré son esthétique enfantine et ses couleurs pastel, le sujet de cette première saison est bien le monde du travail, ses enjeux et les relations parfois tumultueuses entre collaborateurs.
La faune qui compose l’entreprise de Retsuko est d’une incroyable variété en termes d’espèces, de caractères et de soft skills. Dans l’ambiance feutrée de la compagnie, les interactions entre les uns et les autres créent de belles scènes de complicité, de malentendus, de joie et de colère.
Parmi les personnages marquants de la série :
Le quotidien des équipes est par ailleurs ponctué de cours de yoga ou de repas à l’extérieur au cours desquels l’alcool coule à flots et les relations se détendent… ou pas.
En filigrane, la question de l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des principaux sujets de la première saison.
En 2016, 11 % seulement des postes de direction au Japon étaient occupés par des femmes contre 43 % aux États-Unis et 39 % en France. Les femmes enceintes dans les entreprises japonaises peuvent subir une forme de harcèlement spécifique appelée “matahara” qui vise à les faire démissionner.
C’est dans ce contexte que l’héroïne évolue et ses projets d’avenir s’en trouvent bouleversés. Ne supportant plus la tyrannie de son manager et ses quolibets sur les femmes et les jeunes, elle projette de se mettre à son compte.
Quand la situation s’envenime au service comptabilité et que le PDG apprend le comportement odieux du manager de Retsuko, sa première réaction est de le dédouaner en évoquant le caractère “féministe” des femmes de la nouvelle génération qui “ont tendance à en faire trop”.
Même si la situation du Japon sur l’égalité Femmes/Hommes est particulièrement déplorable en comparaison de ce qui se passe en France par exemple, les réactions et comportements rendus à l’écran ne sont pas réservés aux collaborateurs et managers des entreprises nippones. Une problématique universelle finalement.
Contrairement aux apparences, on est loin de l’univers de Hello Kitty. Conflits larvés et sarcasme sont de la partie. Mais comparé à la série “Working Girl” de Canal + qui proposait de suivre le quotidien de six femmes en entreprise, également sous forme de comédie, le fond d’Aggretsuko est ancré dans une réalité plus oppressante, faite de surcharge de travail, de violence psychologique et de traitements inégalitaires. Aggretsuko réussit le tour de force de nous faire réfléchir sur ces situations tout en nous faisant rire. Ou quand le combat pour l’égalité rejoint celui de la guerre de l’attention et du divertissement. À quand la série française de RH entertainment ?
Aggretsuko : saison 1 (10 épisodes)
Sur Netflix depuis le 20 avril 2018